Vous connaissez ma sensibilité quand il s’agit des animaux… Et je dois reconnaitre que depuis que j’ai l’occasion de voyager à l’étranger, j’ai développé une sorte d’appréhension quant à la probabilité d’être témoin d’un acte de cruauté envers les animaux (vous vous souvenez peut-être de mon aventure chinoise? lien ici)
Loin de moi l’idée d’être une donneuse de leçons, car évidemment, pas besoin de faire des kilomètres pour cela. En France, nous sommes déjà bien lotis… Mais si j’ai l’impression d’être en capacité d’agir sur le sol français : signaler l’acte, prévenir les associations, lancer des enquêtes etc… Cela n’est pas toujours le cas à l’étranger.
Le statut des animaux n’est pas le même partout, les coutumes sont différentes, leur protection peut être relative par rapport à ce qui est pratiqué en France. Faire appel à la communauté internationale pour faire bouger les choses est un tout autre challenge.
Sans parler de la barrière de la langue. J’ai essayé de discuter avec les personnes sur place, en Chine ou à Santorin. Difficile de rentrer dans de grandes discussions sur le statut de l’animal…
Il y aurait (malheureusement) des millions d’articles à écrire sur le sujet, mais comme toujours, je préfère vous parler d’une expérience que j’ai vécue. Pour conférer à mon partage plus d’authenticité et, je pense, plus de force.
La semaine dernière je vous ai partagé quelques-uns de mes plus beaux clichés de retour de Crète et de Santorin (lien ici). Mais je tenais à écrire un second article, à part, pour vous parler des ânes de Santorin.
Lorsque je me suis renseignée sur les activités à faire à Fira, j’ai lu l’article de Lisa Gachet (Auteure du blog Make My Lemonade). Elle y évoquait le sort malheureux des ânes qui font les allers – retours de la ville pour descendre les touristes jusqu’au vieux-port. Une photo des ânes bien fatigués agrémentait l’article, j’étais donc prévenue…
C’était le dernier jour de nos vacances, nous avions la matinée pour découvrir Fira. En arrivant sur place, ça n’a pas manqué, nous avons été sollicités par plusieurs hommes pour descendre à dos d’âne jusqu’au vieux-port. Nous avons évidemment refusé, expliquant que nous étions en bonne santé, capables de descendre avec nos propres jambes… Nous avons récolté quelques rires moqueurs d’un groupe de touristes. Je précise, tous adultes et bien portants. Alors que des enfants, et même des personnes âgées s’engageaient à pied, juste à côté…
En entamant notre descente, nous n’avons pas tardé à comprendre, à nos dépens, que lorsqu’on s’engage sur cet escalier à pied, c’est à nos risques et périls…
Le chemin est étroit, les touristes nombreux, les ânes qui attendent en début et fin de course, sont parqués contre le mur, mais bien souvent prennent toute la largeur du chemin. Si bien que les touristes à pied se retrouvent parfois bloqués de peur de recevoir un coup de sabot en passant derrière. L’odeur du mélange crottin / urine est saisissante. Et il faut être prudent pour ne pas glisser… Quand un convoi descend, les ânes transportant des touristes sont attachés les uns aux autres. En revanche, ceux qui doivent assurer la remontée dévalent seuls les marches.
Sur le chemin, un couple de français m’a demandé si je pouvais les prendre en photo dans un virage. J’ai accepté volontiers. J’ai pris un peu de recul, j’ai cadré, et après 2 clichés, je n’ai pas eu le temps de m’écarter… Un convoi est passé, les 2 ânes en tête n’étaient pas attachés. L’un d’eux m’a écrasé le pied droit. J’ai crié de douleur, mais ça n’a arrêté personne, même pas le propriétaire des ânes qui accompagnait le groupe. Je suis restée immobile le temps que les autres descendent, gardant bien mes pieds serrés. Pendant quelques secondes, je n’ai pas pu avancer. Le couple de français m’a remercié pour la photo, a récupéré son appareil, et s’est éloigné rapidement…
Je suis rentrée en France avec une belle contusion. Assise sur les marches pour récupérer, je me suis dit que si j’avais été un enfant, ce n’est pas seulement mon pied qui aurait été écrasé !
A Santorin, les ânes sont depuis la nuit des temps utilisés pour transporter les Hommes et les marchandises. A l’époque, il n’y avait pas de route pour les véhicules, et encore moins de téléphérique pour se déplacer du vieux-port jusqu’aux villes sur les hauteurs. Bien qu’il y ait un (bien trop petit) téléphérique, la tradition de descendre à dos d’âne a perduré. Conférant à l’activité un peu de folklore local. Ce sont généralement des hommes d’un certain âge qui tiennent le commerce, mais ils sont épaulés par la jeune génération prête à prendre le relais. L’activité n’est donc pas prête de s’arrêter.
D’autant que j’ai vu dans cet article (lien ici) que l’office de tourisme soutenait cette activité avec des panneaux expliquant que « les ânes sont faits pour ça ». Ils les appellent les taxis…
Pendant la saison touristique, les ânes sont ramenés de leur pré à 7h du matin, et terminent leur journée à 20h. Nous y étions en septembre, il faisait 30 °c contre la paroi de la falaise. En plein mois d’août, je n’imagine même pas ce que ça doit donner. Il n’y avait ni sceau d’eau, que ce soit au départ, ou à l’arrivée pour qu’ils puissent s’hydrater. Et je n’ai pas vu un semblant de nourriture non plus.
En septembre, nous n’avons pu voir que la « version touristique allégée ». Parce qu’il parait que l’été c’est un bazar sans nom. Entre les foules de touristes qui remontent après leurs excursions. Les muletiers qui veulent faire les allers retours le plus rapidement possible pour ne rater aucune course. Les touristes à dos d’âne doivent bien se tenir pour rester sur l’animal. Et protéger leurs jambes quand ils rasent les murs…
Et si seulement, ça s’arrêtait là… Dès que les touristes sont partis, les ânes changent d’activité, et deviennent transporteurs de matériel de chantier. En effet, l’été, les chantiers des nouvelles constructions sont suspendus. Les travaux reprennent en basse saison. Sacs de béton, parpaings, pierres… Notre hôte qui nous a reçus dans son hôtel, nous a expliqué que l’hiver, les touristes ne sont pas là pour voir, que les ânes sont battus pour avancer plus vite.
Alors voilà, si mon témoignage vous a touché et qu’à votre niveau vous souhaitez agir, et bien je vous invite à tout simplement :
– Partager cet article, en parler autour de vous pour que l’information se propage
– Et surtout, si vous vous rendez un jour à Santorin, d’emprunter le téléphérique (qui coûte le même prix !). Car si cette activité ne fait plus recette, elle s’arrêtera et j’espère, fera changer les coutumes afin que ces animaux soient respectés. Attention, si vous souhaitez descendre à pied et remonter en téléphérique, ayez des espèces sur vous. En effet les cartes bancaires ne sont pas acceptées au vieux-port.
– Enfin, je vous propose de propager le hashtag #santorinistopdonkeystaxis
« On dit que le temps change les choses, mais en fait, le temps ne fait que passer, et nous devons changer les choses nous-mêmes ». Andy Warhol.
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